Kôsmos, le spectacle du Ballet Nautique de Strasbourg autour de la natation synchronisée, la danse, le plongeon, la vidéo et les effets lumineux a attiré plus de 4000 spectateurs sur 4 représentations lors de son édition 2012. Rencontre avec Guénaëlle et Nathalie responsables du spectacle.

Quelles sont les trouvailles de cette édition ?

• La chorégraphie de danse avec des habits phosphorescents (peinture phosphorescente) et une lumière noire.
• Les lasers.
• Un final plein de surprises en commençant par une nageuse, puis 2, puis 4, puis un porté, et un 2^ème porté. On arrive à 40 nageuses dans l’eau… Puis vient le decrescendo passant de 40 filles à une seule, pour enfin aboutir au tableau final, à savoir 125 nageuses formant une étoile géante en demi-cercle…
• L'utilisation de matière dans l'eau : un tissu noir de 10 mètres de diamètre posé sur l’eau formant le trou noir (comme dans le cosmos) et disparaissant à l’aide d’un plongeur sous-marin tirant le centre du tissu vers le bas grâce à une poignée afin de le faire disparaître et ainsi « happer » le public à travers ce trou noir, les couvertures de survie, la boule à facettes placée sur l’eau, etc.
• Certains nouveaux accessoires bonnets à fleurs, gants noirs, combinaisons blanches Tyvek avec capuche dont nous nous sommes servies afin de représenter des cosmonautes (la véritable tenue de cosmonaute étant difficile à se procurer…)
• La lumière tamisée dans le bassin : pour cela quelques hublots du bassin ont été allumés pendant qu’à l’extérieur nous avons créé une ambiance tamisée.

2h de spectacle, est-ce suffisant pour exprimer toutes vos idées ?

Non, bien sûr ! Nous avons toujours des réserves pour les années à venir, tout n’est pas réalisable en une seule fois, nous devons faire le tri entre ce qui peut se faire et pas, au vu des délais et des finances. Le but étant de surprendre les spectateurs à chaque nouvelle édition et de leur donner envie de revenir l’année suivante. Nous souhaitons faire un spectacle de qualité mais qui ne lasse pas le public, en ce sens, aller au-delà de 2h serait trop long pour conserver l’attention de tous.

Quelles ont été les plus grandes difficultés ?

Le manque d’entraînements car il y a toujours des imprévus : piscine indisponible, calendrier de vacances, maladie/blessures/absence des nageuses... La répartition des différentes tâches au niveau de certains postes (décors, accessoires, plongeurs pour le déplacement de l'île...) avec des changements de « responsables » à ces postes.

Est ce qu'il y a une scène que vous rêvez de monter et qui n'a pas pu être réalisée pour le moment ?

Absolument ! Et il n’y en a pas qu’une seule. Notre imagination déborde d’idées plus farfelues les unes des autres. Mais il y a toujours des « contraintes » qui nous limitent et dont il nous faut, pourtant, tenir compte. Par exemple, nous aimerions utiliser tout l'espace au-dessus de ce grand bassin mais nous n'avons pas le droit d'accrocher quoi que ce soit au plafond de la piscine.

Les figures forment souvent de très grands dessins pour le public et sont très différentes de celles que l'on voit généralement en compétition, est-ce pour autant plus facile ?

Techniquement, pour la nageuse, oui cela est plus facile car il suffit qu’elle s’allonge sur le dos ou le ventre et qu’elle se stabilise ; ce qui est moins épuisant que d’enchaîner figure sur figure.
En revanche, pour les entraîneurs chorégraphes ceci est un vrai casse-tête. Les filles sont obligées de rester des heures dans l’eau afin d’arriver à la forme géométrique souhaitée, leur placement est difficile à gérer surtout quand elles sont plus de cent dans l’eau d'où la nécessité d'un important « travail à sec » en amont et la présence simultanée de toutes les nageuses.

Beaucoup de scènes sont introduites par une chorégraphie habillée sur le bord de la piscine ...

Pour faire un lien entre les différents tableaux et ne pas couper le spectacle avec un « Noir » (temps mort) le temps que les filles sortent de l’eau. C’est également pour varier et ne pas faire uniquement de la natation synchronisée.
On ne doit pas lasser : avec des transitions en dehors de l’eau et habillées, le spectacle s’enrichit et c’est un nouveau souffle de créativité, jusque là inutilisé, qui s’ouvre à nous.

Est-ce qu'une « plage » partiellement immergée pourrait avoir un intérêt ?

Complètement ! Mais pas d’une surface trop importante afin de laisser de la place aux nageuses. Cela fait plusieurs années que l’on y pense...
Et nous réfléchissons également à une « avancée de scène » placée soit dans le coin droit soit au milieu du bassin.

Quelle est la partie du spectacle qui vous tient le plus à cœur ?

Nathalie :

Les 2 ballets d’ouverture « Kôsmos » en 1ère partie et « Intersidéral » en 2ème partie ainsi que le final.

Guénaëlle :

Les 2 ballets d'ouverture (2 nouvelles chorégraphies spécifiques à cette édition) et la chorégraphie de danse avec la peinture fluo et la lumière noire.

Quelles sont vos sources d'inspiration ?

Nathalie :

Tout d’abord, c’est la musique qui fait 50% du travail, si elle me donne la chair de poule, c’est bon signe, je sais que je vais être inspirée.
Ensuite, ce sont des spectacles tels que ceux du Cirque du Soleil avec de très bons artistes et de magnifiques jeux de scène.

Guénaëlle :

Effectivement, la musique est la principale source d'inspiration. Il faut qu'elle nous transporte et qu'elle nous laisse la possibilité de nous exprimer. Les spectacles de danse, les spectacles de cirque contemporain, les vidéos de certaines chorégraphies (les nôtres ou celles de certaines compétitions internationales) sont aussi des sources d'inspiration.

Comment en êtes vous arrivées à un tel succès ?

Le BNS a toujours été connu pour ses spectacles. Anne Froesch - fondatrice du club et anciennement présidente - a toujours souhaité être sur les 2 fronts de la compétition sportive, appelée « Natation Synchronisée » et celui du spectacle, dit « Ballet Nautique ».
Initialement, il s’agissait d’un simple spectacle de club, qui se déroulait sur 2 représentations familiales, le samedi soir et le dimanche après-midi fin juin. Puis la date a été changée pour la fin du mois de Novembre sur un week-end plus propice à la présence de tous.
A cela s'ajoute la constante mobilisation des parents et amis bénévoles du club qui contribuent largement à la réussite de ce spectacle.
Depuis 5 ans, un investissement plus particulier de notre part à fait évoluer le spectacle vers une nouvelle dimension artistique. Des efforts ont été faits sur la mise en scène, les décors, la recherche chorégraphique et artistique.
Enfin, une collaboration accrue (depuis 2 ans) avec des professionnels de l’éclairage a donné une forme visuelle au spectacle beaucoup plus technique et l’a définitivement propulsé vers l’horizon du succès qu’il connaît actuellement.

En dehors de la famille des nageuses, qui vient aux représentations ?

Les amis des amis, les personnes qui ont vu les grandes affiches publicitaires qui jalonnent le centre-ville de Strasbourg, celles qui ont vu ou entendu la publicité faite sur différents médias (Radio France Bleu, les DNA, Alsace 20, France 3, etc) et celles qui viennent par le biais de Comités d’Entreprises.

L'organisation du spectacle fait-elle rêver d'autres clubs ?

Oh oui ! C’est en tout cas ce que beaucoup de membres d’autres clubs nous disent…

Les dates du spectacle sont très proches des solos des Championnats de France hiver qui sont importants pour la qualification de certaines nageuses. Cela vous oblige t’il à adapter la chorégraphie de ces nageuses ?

Oui, il faut nous adapter aux rythmes des compétitions sportives, car beaucoup de nageuses sont des athlètes de haut niveau et ne doivent pas mettre leur carrière sportive de côté.
Nous n’adaptons pas forcément la chorégraphie à proprement parler mais nous modulons plutôt leur implication dans le spectacle. Par exemple, nous limitons le nombre de ballets auxquels elles participent (2 au maximum) ou bien nous leur faisons jouer un rôle bien particulier (soit de fil conducteur pendant le spectacle, soit un passage dans une danse ou bien entre 2 ballets).
Le but de ces « aménagements » étant qu’elles puissent s’entraîner seules de leur côté sans la présence des autres filles du club mais toujours selon nos recommandations.

Est ce qu'il y a des nageuses qui viennent ou restent au BNS uniquement pour le spectacle d'automne ?

Quasiment toutes les filles participant au spectacle sont réengagées dans le club pour toute la saison sportive… mais à différents niveaux.
Les débutantes qui commencent fin septembre y participent également.
Quelques filles qui arrêtent leur carrière sportive reviennent quand-même la saison d'après pour nager au spectacle et se faire plaisir lors de ce grand week-end.

Danse, scénographie, natation synchronisée, qu'est ce qui plaît le plus aux nageuses ?

Elles s’éclatent dans le spectacle car nous ne sommes plus dans une sphère de compétition avec des juges, des notes et des résultats à la clé. Elles prennent du plaisir dans chaque mouvement exécuté en dehors du bassin ou dans l’eau. Il est vrai qu’elles aiment plus particulièrement faire des chorégraphies de danse car ce n’est pas leur quotidien, cela change des chorégraphies dans l’eau. Pour elles, ce week-end de spectacle est magique, un pur bonheur de nager avec les copines et devant un si grand public.

Nathalie

Après avoir nagé pendant près de 14 ans, j’ai tout d’abord entraîné une équipe en compétition pendant 3-4 ans. Mais étant beaucoup plus inspirée par le côté spectacle et artistique de ce sport, j’ai demandé à Guénaëlle de me suivre dans cette aventure. Nous avons alors pris la relève de l’équipe précédente en y consacrant tout notre temps libre.
Cela fait maintenant 5 années et donc 5 spectacles que nous réalisons ensemble. Aujourd’hui, je pense que nous sommes plus que des entraîneurs. Nous travaillons sur le spectacle à partir de janvier (recherche du thème, des idées globales…), puis tout s’accélère à partir de juillet en termes de choix musicaux, mise en scène, décors. Il s’agirait presque d’un boulot à part entière les 2-3 mois précédant le spectacle !

Guénaëlle

J'ai aussi nagé pendant plus de 14 ans puis les entraînements et les compétitions se faisant difficiles à concilier avec mes études de chirurgie dentaire, j'ai décidé de passer de l'autre côté du bassin et d'être entraîneur auprès de jeunes nageuses... Et cela fait aujourd’hui plus de 11 ans que je suis responsable d'une équipe de jeunes compétitrices.
A côté, je suis co-responsable avec Nathalie du spectacle depuis 5 années et comme elle, j'aimerais que cela devienne plus qu'une simple passion et qu'un jour nous puissions en faire notre activité principale...